La mise en récits comme levier stratégique de changement systémique

« C'est comme l'histoire des aveugles et de l'éléphant. Chacun ne voit que sa partie de l'éléphant. Ils voient les histoires individuelles qu'ils se racontent sur ce qui est vrai. Le fait de les partager les aide à créer un récit collectif plus étendu et plus précis. Cela leur permet de développer une image partagée de la réalité. »

Explorer nos récits pour activer le changement

« Les histoires du monde moderne qui nous ont servi longtemps sont désormais incomplètes, voire néfastes, pour répondre à la complexité du monde et son besoin de transformation. » Cerdd

La transition écologique et sociale des territoires implique donc de changer et d’oser, de prendre des risques, de sortir du cadre et peut-être aussi de renoncer, d’autant plus que la trajectoire d’une transition respectant avant tout les limites écologiques et un plancher social (Modèle du Donut) est en soit encore très insuffisante.

Les théories du changement systémique donnent une attention particulière à ce qui fonde notre société, à savoir les paradigmes et les modèles mentaux qui en découlent.

«Changer l’histoire et vous pouvez changer le monde » David Cotton.

C’est en partie ce qui a amené TerraLab à faire le postulat qu’explorer et activer des processus de mise en récits est une clef importante pour la transition de nos territoires, car particulièrement mobilisatrice et pouvant générer l’appropriation et l’implication de toutes et tous dans la transformation profonde de leur(s) territoire(s) propre(s).

« Le véritable voyage de découverte ne consiste pas à chercher de nouveaux paysages, mais à avoir de nouveaux yeux. »
Marcel Proust

TerraLab a mené en 2023 un travail de recherche et une expérimentation d’une année sur la mise en récits comme levier stratégique de changement systémique sur le territoire d’un arrondissement rassemblant 20 Communes en Wallonie (Verviers).

Ce travail a abouti à deux guides, l’un court et l’autre plus exhaustif sur nos références, nos réflexions et notre chemin. Ils peuvent être téléchargés gratuitement ci-dessous, et peut-être vous inspirer.

Voici quelques-uns des premiers mots de notre « Guide d’inspiration sur la mise en récits basée sur l’approche systémique

[…] De multiples chercheur·se·s et auteur·rice·s, tels que Nancy Huston ou Yuval Noah Harari ainsi que de nombreuses associations et universités, ont réfléchi et exploré la question qui nous occupera ici et le résultat est clair : « l’humanité est une espèce fabulatrice », et comme nous le savons toutes et tous, depuis la nuit des temps, et singulièrement avant l’apparition des écritures, nos passés, nos présents et nos futurs se contaient. Le récit est à la fois un vecteur de mémoire (du passé) et de rêve (du futur).

…Raconter une histoire, c’est relater des faits réels ou inventés dans un certain ordre…

Raconter, c’est aussi nous mettre en relation. Si malgré sa relative fragilité l’homme a pu s’imposer au point de devenir le maître (relatif) du Vivant, c’est notamment grâce aux mythes et aux histoires qu’il s’est racontés et qui ont été de véritables catalyseurs dans la construction collective de sens.

L’excellent document sur « La Mise en récit(s) de vos projets de transition » du cerdd qui nous a beaucoup inspiré au départ, nous dit que… « les histoires qu’on raconte ont une fonction structurante et déterminent notre rapport au monde. Et non l’inverse ! »

Et Cyril Dion d’ajouter « Si nous ne disposions pas d’histoires autour desquelles nous fédérer, nous n’aurions ni États, ni monnaies, ni entreprises, ni civilisations. Aucune société humaine, dans sa complexité, ne pourrait exister ou fonctionner. » 

Les histoires façonnent donc la manière dont nous comprenons le monde, la place que nous y occupons et par conséquent notre capacité à le changer. David Cotton nous dit : « Changez l’histoire et vous pouvez changer l’avenir », et cela nous a encouragé dans notre exploration.”

  • Mais qu’en est-il aujourd’hui ? 
  • Quelles sont les histoires que l’on nous et que l’on se raconte encore ?
  • Les histoires qui nous entourent peuvent-elles encore être rassembleuses et participer à la construction d’un avenir meilleur ?
  • Et si les histoires nous nourrissent, qu’en faisons-nous, ou plutôt que pourrions-nous en faire ?


Ces questions ont alimenté notre réflexion et l’écriture de notre guide d’inspiration sur la mise en récits que nous voyons comme un processus continu, nourri de son passé, ancré dans des lieux spécifiques, qui s’invitent néanmoins à questionner leurs futurs et les récits qui s’y construisent. Sans se figer, car si les territoires ont un passé, ils sont vivants, évoluent, et doivent donc pouvoir revoir leurs récits… comme dans cette boucle infinie, et en réalité multidimensionnelle…

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